- Mercredi
6 octobre 2010 N°
2721/24117
- FRANCE : LA CHRONIQUE JUDICIAIRE DE PASCAL
MOUROT - 1ER JUGEMENT PROCES KERVIEL : La 11e
chambre correctionnelle, 3ème section, du
tribunal de Grande instance de Paris présidée
par Dominique Pauthe, a condamné mardi 5 octobre
2010, Jérôme Kerviel, poursuivi
pour "abus de confiance, faux et usage de
faux, introduction frauduleuse de données dans
un système informatique" aux dépens de la
banque privée Société Générale, à 5 ans de
prison, dont 3 ans ferme et 4,9 milliards d'euros
(bien lire milliards) au titre des dommages et
intérêts, soit l'intégralité des pertes
supportées par la Société Générale, son
ex-employeur. Les audiences ont eu lieu les 8, 9,
10, 11, 14, 15, 16, 17, 21, 22, 23, 24 et 25 juin
2010. Jérôme Kerviel, 33 ans, défendu par
Maître Olivier Metzner, a fait appel de ce
jugement "déraisonnable, inacceptable par
son caractère totalement excessif". Il
demeure libre. Maître Olivier Metzner a
déclaré pour son client : "Jérôme
Kerviel paie seul pour un système. Il est
révolté, révolté que ceux qui l'ont fabriqué
soient exonérés de leurs responsabilités. Ces
mots se lisaient dans son regard". La
Société Générale était défendue par Maître
Jean Veil qui a déclaré : "Lorsque vous
avez des employés ou du personnel chez vous,
vous ne vérifiez pas le soir s'ils partent avec
des couverts et des affaires, vous leur faites
confiance". Sont parties civiles au procès
Kerviel : La Société générale, plusieurs
actionnaires, Albert Lucien Marius Minéo,
Laurence Dauplat, Adrien Righi, Marcel Roca,
Marie Cacciapuoti, épouse Vuilemin, Déborah
Daigne épouse Victor, Nadine Grunberg, Gérard
Kilian, Nelly Pellet-Leguevaques, Pascal
Péruchon, Marie-Claude Podguszer, Jac Van
Brakel, Lilian Winther, Xavier Kemlin, Gérard
Coscas et l'association HCCDA, déclarée
irrecevable en sa constitution. Le 24 janvier
2008, 2 plaintes avaient été déposées par la
Société Générale et un de ses actionnaires,
René Ernest. Les faits dénoncés
sinscrivaient dans le cadre des activités
de trader de Jérôme Kerviel au sein de la
banque dinvestissement de la Société
Générale, la Société Générale Corporate
Investment Banking (SGCIB), lun des 6
pôles dactivités du groupe Société
Générale implanté à la Défense dans les
Hauts-de-Seine, près de Paris, et dont
lactivité était orientée vers une
clientèle sélectionnée dentreprises,
dinstitutions financières et
dinvestisseurs. Jérôme Kerviel avait
été recruté par la Société Générale le 1er
août 2000. En janvier 2005, il avait intégré
léquipe des traders "Delta One listed
products" qui était une des composantes
"front office" de lactivité
Trading de GEDS. Selon la Société Générale,
Jérôme Kerviel aurait repris une position
ouverte de 50 milliards deuros en janvier
2008, mais en sens inverse, masquée par une
"couverture fictive sur futures" avec
la mention broker pending, et dont la
valorisation au 18 janvier 2008 dégageait une
perte de 1,2 milliards. Les opérations telles
que saisies par Jérôme Kerviel ne reposaient
sur aucune réalité économique. Lorsque ses
opérations devaient être contrôlées par le
back office au jour de léchéance,
Jérôme Kerviel les annulaient quelques jours
avant. Le "bilan" est lourd, il
consiste en la "constitution dune
position longue de futures sur indices" de
49 milliards deuros découverte le 20
janvier 2008, puis d'un "débouclage"
entraînant une perte globale de 4,9 milliards
deuros pour la Société générale.
Informé de la situation cette même journée du
20 janvier 2008, Daniel Bouton, président du
conseil dadministration de la Société
Générale, a tenu informé le Comité des
comptes qui avait déjà été convoqué pour
examiner lestimation des résultats 2007.
Le même jour, Daniel Bouton fait part
de sa décision de clôturer les positions dans
les "meilleurs délais" et de
"reporter toute communication sur cette
situation et les résultats de la banque
jusquà laboutissement du
débouclage". Linformation avait été
par ailleurs délivrée au gouverneur de la Banque de France et auprès
du secrétaire général de lAutorité
des Marchés Financiers, l'AMF. Le
conseil dadministration de la Société
générale était informé de la situation le
soir même. Les conclusions de linspection
générale confirmaient les techniques de
dissimulation et limpossibilité pour les
services de contrôle internes de déceler la
fraude, exemptant la banque Société générale.
Lenquête de la Brigade Financière de la
Sous-Direction des Affaires Economiques et
Financières (SDAEF) de la Police Judiciaire et
les éléments remis par la Société Générale
ont permis de préciser le "cadre
opérationnel au sein de la Société Générale
dans lequel sinscrivaient les faits
dénoncés et le mode opératoire tel quil
avait été mis à jour par la plaignante",
précise le jugement rendu mardi 5 octobre 2010.
Plus de détails : Archives gratuites du
quotidien Fil-info-France du vendredi 25 janvier 2008, samedi 26 janvier 2008 (Plus), mardi 29 janvier 2008. NDLR.
Dans l'édition internationale du quotidien
Fil-info-France daté du 25 janvier 2008, on peut
lire : "Daniel Bouton est le
deuxième patron français le mieux payé avec
des revenus cumulés de 10,8 millions d'euros
(source magazine Capital du mois de novembre
2007)". Blogger, webmaster : Conditions d'utilisations
Fil-info-France ?
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L'EDITION
DU MERCREDI 6 OCTOBRE 2010
VERSION IMPRIMABLE DU JOUR
FIL-INFO-FRANCE, LA CITATION DU JOUR : "L'argent
est une bonne chose pour les bons et une mauvaise
pour les méchants". Philon Le Juif
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