- Vendredi
29 janvier 2010 N°
2508/23904
- FRANCE : LA CHRONIQUE JUDICIAIRE DE PASCAL
MOUROT : Dominique de Villepin (photo), ancien
Premier Ministre de Jacques Chirac, a été
relaxé de toutes charges, jeudi 28 janvier 2010,
devant la 11e chambre correctionnelle du Tribunal
de Grande instance de Paris présidée par
Dominique Pauthe, dans le cadre du procès des
faux listing dit Clearstream 2. Son rival
politique, Nicolas Sarkozy, partie
civile, devenu président de la République, a
fait diffuser immédiatement un communiqué
officiel dans lequel il annonce qu'il "ne
fera pas appel de la décision du Tribunal
correctionnel". Avocat associé en
"suspension" à la société d'exercice
libéral par actions simplifiée, SELAS Arnaud
Claude et Associés, Nicolas Sarkozy,
professionnel du droit, ne peut ignorer que dans
un procès pénal, la partie civile n'a pas
l'opportunité de faire appel "quant à ses
intérêts civils seulement", précise
l'article 497 du code de procédure pénale. Un
article certes modifié, mais entré en vigueur
le 1er septembre 1983, il y a 27 ans. Dominique
de Villepin, n'ayant pas été condamné au civil
et le communiqué de la présidence de la
République tombé juste après l'énoncé du
jugement, sa diffusion relève de la fausses
nouvelle. Déjà, le mercredi 23 septembre 2009,
s'exprimant simultanément sur les 2 premières
chaînes de télévision publique et privée aux
heures de grande écoute, Nicolas Sarkozy,
président de la République, avait créé la
stupeur en plein procès. Devant des dizaines de
millions de téléspectateurs, le Chef de l'Etat,
statutairement garant de l'indépendance de la
Justice et partie civile au procès, avait
déclaré : "Au bout de 2 ans d'enquête, 2
juges indépendants ont estimé que les coupables
devaient être traduits devant un tribunal
correctionnel". "Coupables" au
lieu de "prévenus" ? 2 ténors du
barreau de Paris avaient réagi. Maître Henri
Leclercq, ancien président de la Ligue des droits de l'homme, l'un des
défenseurs de Dominique de Villepin,
ex-Premier Ministre, avait dénoncé "une
atteinte scandaleuse aux principes
fondamentaux". Maître Olivier Metzner,
autre avocat de Dominique de Villepin, déclarait
: "C'est purement scandaleux pour quelqu'un
qui est garant de l'indépendance des magistrats.
Là, il impose un verdict aux magistrats"
ajoutant que "c'est la plus grave atteinte
à la présomption d'innocence qui ait jamais
existé en France". Dominique de Villepin,
qui a toujours clamé son innocence, était
poursuivi pour complicité de "dénonciation
calomnieuse", complicité de "faux et
usage de faux" et "recel d'abus de
confiance et de vol". Le procureur de la
République de Paris en personne, Jean-Claude Marin, avait
requis contre l'ancien Premier Ministre, 18 mois
de prison avec sursis et 45 000 euros d'amende.
Dans l'affaire des faux listing de la chambre de
compensation luxembourgeoise Clearsream, le
patronyme du Chef de l'Etat, alors ministre
d'Etat, de l'Economie, des Finances et de
l'Industrie, Sarkozy de Nagy Bocsa,
apparaissait, laissant supposer qu'il était
détenteur d'un compte bancaire lié à une
affaire de corruption. Mais le caractère
farfelue d'une telle information est pourtant
évident, et pour cause, Clearstream ne gère
aucun compte pour particuliers, c'est une chambre
de compensation. Il était, semble-t-il, plus
important à l'époque d'engager pour 6 ans
l'argent du contribuable dans le seul but
d'alimenter les médias à partir d'une enquête
hors norme, celle des juges d'instruction
Jean-Marie d'Huy et Henri Pons. Mais selon le
dossier, Dominique de Villepin n'a fait que
transmettre à la justice, comme tout
fonctionnaire en a la charge, le listing mettant
en cause un membre du gouvernement, ainsi que de
nombreuses personnalités de premier plan, de
gauche comme de droite. Laurent Fabius, le
député UMP Patrick Ollier, époux de
l'actuelle Ministre d'Etat, Garde des Sceaux, Ministre
de la Justice, Michèle Alliot-Marie, Dominique
Strauss-Khan, Alain Madelin, Jean-Pierre
Chevènement, "BPB HOR" Brice
Hortefeux, Charles Pasqua, son fils Pierre
Pasqua, Pierre Charon. Si le commentaire de
presse d'un jugement est interdit par la loi,
soulignons l'étrange retournement du procureur
de la République de Paris, Jean-Claude Marin,
qui de 2006 à 2007 n'a pas retenu la
culpabilité de Dominique de Villepin, pour, en
2008, requérir son renvoi en correctionnelle.
Jeudi 28 janvier 2010, date du 55e anniversaire
du Chef de l'Etat, Dominique de Villepin, qui a
dû verser une caution de 80 000 euros contre les
200 000 demandés et voir jusqu'à son domicile
perquisitionné, est relaxé. Relaxé également
le journaliste d'investigation Denis Robert.
Condamné, ayant fait appel, dès lors présumé
innocent comme le veut la loi, Jean-Louis
Gergorin, 63 ans, ancien vice-président
exécutif d'European Aeronautic Defence and Space
Company, groupe militaro-industriel
EADS, considéré comme étant
l'instigateur de l'affaire, a écopé d'une peine
de 3 ans d'emprisonnement, dont 15 mois ferme. Il
était mis en examen "dénonciation
calomnieuse, faux et usage de faux, recel d'abus
de confiance et recel de vol". Imad Lahoud,
auteur de la falsification des listings, est
condamné à 3 ans de prison, dont 18 mois avec
sursis. Condamné, ayant également fait appel,
Imad Lahoud, 42 ans, mis en examen pour
"Dénonciation calomnieuse, faux et usage de
faux, recel d'abus de confiance et recel de
vol", est professeur de mathématiques de l'Education nationale au lycée
public Racine à Paris. Florian Bourges, ancien
consultant, condamné à 4 mois de prison avec
sursis et 59 000 euros de dommages et intérêts,
solidairement avec les 2 co-accusés, 50 000
euros attribués à la chambre de compensation
luxembourgeoise Clearstream. Le tribunal a
également statué sur la validité de la
constitution de partie civile de Nicolas Sarkozy
en estimant que "si le chef de l'Etat tient
de l'article 13 de la Constitution le pouvoir de
nomination des magistrats, un tel pouvoir ne
saurait priver tout citoyen qui s'estime victime
d'un délit d'en demander réparation et de se
porter en justice". Nicolas Sarkozy reçoit
donc 1 euro de dommages et intérêts,
Jean-Pierre Chevènement 20 000 euros et Edwy
Plenel, 15 000 euros. A la sortie du tribunal,
Dominique de Villepin a indiqué "vouloir
partager avec sa famille" ses premiers
instants d'homme libre. Jean-Claude Marin,
procureur de la République de Paris, en attente
de promotion au parquet général, fera-t-il
appel ? Blogger, webmaster : Conditions d'utilisations
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ébruite les fautes de ceux qu'il connaît".
Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799) -
Physicien et écrivain allemand - Extrait de
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